Le « désamour » des ETI familiales pour la bourse

4 raisons expliquent principalement ce phénomène de désamour de la bourse pour les ETI familiales, nous explique Franck Ceddaha, Associé gérant de Degroof Petercam Investment banking.

En cette période où certaines opérations de M&A ont plus de mal à sortir, en raison d’une inadéquation des attentes sur les prix (entre acheteur et vendeur) et/ou de financements beaucoup plus resserrés voire inexistants, les opérations de sorties de bourse ou de rachats d’actions de sociétés familiales connaissent un accueil favorable de la part des investisseurs
 

4 raisons expliquent principalement ce phénomène :
 

1. Du point de vue des actionnaires : les marchés de capitaux présentent une déconnection croissante entre création de valeur intrinsèque et création de valeur boursière. Beaucoup d’entreprises familiales cotées en bourse sont remarquablement gérées et très résilientes, certaines multiplient leur chiffre d’affaires par 3 ou par 5 par un mélange de croissance externe et croissance organique, et beaucoup d’entre elles constatent que les valorisations boursières ne reflètent que partiellement cette dynamique de croissance. La cotation en bourse a un coût, et présente des contraintes croissantes (normes IFRS, environnement de contrôle, gouvernance…). Sauf à l’utiliser régulièrement pour lever des capitaux ce qui est rarement le cas pour une entreprise familiale, la question du statut boursier se pose fréquemment.
 

2. Les valeurs moyennes présentent en général une faible liquidité boursière qui se traduit généralement par une décote de valorisation et un moindre suivi par les analystes financiers. Le nombre d’analystes se réduit progressivement du fait des réglementations autour du financement de la recherche. Les valeurs moyennes sont donc peu suivies et ont fréquemment recours à la recherche rémunérée pour assurer un suivi minimal.  Aujourd’hui à moins d’1 milliard de capitalisation boursière, les valeurs moyennes intéressent un nombre réduit d’investisseurs souvent les mêmes. D’une façon générale, les flux vers les fonds spécialisés dans ce type de valeurs s’est réduit sensiblement ces dernières années.

 

3. L’accueil des investisseurs est actuellement favorable aux opérations de relution d’actionnaires et de sortie de bourse sous réserve de leur offrir la liquidité dans des conditions satisfaisantes. Les investisseurs ont certes beaucoup de liquidités mais les incertitudes économiques et géopolitiques rendent les perspectives boursières incertaines. Apporter ses titres à une opération de retrait de cote ou à une opération de rachat d’actions, consiste certes à renoncer à tout ou partie de son investissement mais en parallèle à bénéficier d’une prime significative sur le cours de bourse de l’ordre de 30% à 40%, le prix ce type d’offre étant dans la plupart des cas validé par un expert indépendant.

4  Le financement de ce type d’opération reste disponible soit par voie bancaire soit par des fonds de dette voire du private equity. Dans certains cas les capitaux privés prennent le relais du marché boursier et peuvent financer la croissance de l’entreprise en offrant des conditions financières plus attractives et donc moins dilutives pour l’actionnaire de contrôle.

« Les retraits de cote et les opérations de rachat d’actions vont continuer à alimenter le deal flow en 2023. Nous avons déjà depuis le début de l’année mené avec succès 3 opérations comme Manutan, Lindata et Lisi la semaine dernière. D’autres opérations sont en préparation. Beaucoup d’entreprises réfléchissent à leur statut boursier au regard de leurs perspectives de croissance et les sommes importantes levées au cours des dernières années notamment dans les segments private debt et private equity constituent une vraie alternative au financement de cette croissance »
 

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